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Le rappel
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5 septembre 2008

Ces incompris de la société

Plus que jamais, nous devons tous être résolus à travers nos gestes et actions, à travers nos paroles et regards, de même que nos pensées et prières à redonner à tous ces cœurs qui ont rompu avec le cordon ombilical de l’espérance en la Miséricorde divine un nouveau souffle, une nouvelle espérance.

Comment ne pas nourrir une pensée pieuse pour toutes ces personnes, tous ces hommes et femmes qui restent ensevelis dans les tombeaux des soucis et le cimetière du désespoir. Toutes ces personnes étiquetées, balafrées du cœur par les regards accusateurs de leurs prochains, toutes ces personnes caricaturées et jugées comme étant des combustibles pour l’enfer. Oui, je sais. Je sais que le prix du péché, de la désobéissance à Allah est le châtiment divin. Je sais que l’associationnisme, le meurtre, l’assassinat, l’usure, l’adultère, la fornication, l’homosexualité, la consommation de l’illicite, le mensonge, l’hypocrisie, et toutes ces formes de maladies de l’âme ont pour salaire sauf repentance sincère la punition du Seigneur.

Mais est-il impossible de changer de stratégie d’approche dans la diffusion du message divin ? Est-il inapproprié de prêcher la douceur par la douceur, l’espérance, l’amour, là ou nous avons parfois été trop rigoristes, là où nous n’avons brandi que la règle et les principes ? Est-il impossible de parler de Grâce, de Miséricorde, car la relation avec Allah n’est –elle pas avant tout une relation de cœur ? Pas toujours des guillotines pour décapiter les cœurs et morceler les âmes, mais une parole de vie et d’espoir pour redonner la vie.

Ils sont nombreux, hélas, ces incompris de la société. Ceux à qui nous n’avons toujours su donner le meilleur de nous-mêmes. Nous n’avons fait que les vilipender, les juger là où ils n’avaient besoin que d’être écoutés, compris, encouragés, exhortés. Là où ils avaient besoin d’une parole d’espérance, de consolation, d’amour, nous les avons rejetés parce qu’ils avaient péché. Nous leur avons donné dos, les considérant comme indignes de notre amitié, notre fraternité et notre compagnie. Une sœur très désemparée m’appela un jour, tôt le matin, la gorge nouée d’émotion à la recherche d’une parole de consolation. Elle disait sentir sa foi fléchir et faiblir. Quand j’ai insisté à la rencontrer, elle refusa catégoriquement disant : « j’ai peur que vous sachiez à qui vous avez affaire et que vous me condamniez comme les autres. »

Combien sont-ils ainsi à être sur la défensive ? Des musulmans traumatisés à l’idée de se faire découvrir par d’autres musulmans. Des musulmans révoltés de se savoir sevrés de tout regard de compassion à l’intérieur de leur communauté. Des frères musulmans refusent de saluer d’autres frères et sœurs musulmans. Des musulmanes répugnent être avec d’autres sœurs musulmanes, préférant même la compagnie de ceux qui combattent leur foi. Des musulmans qui prétendent qu’il serait plus bienséant d’accepter la compagnie des mécréants que celle de leurs frères ou de leurs soeurs de la même foi. Où est donc le sens de la fraternité en Islam ? Quel est l’intérêt de l’existence d’une communauté, de l’appartenance à une communauté, notre communauté ? Cette communauté qui devait nous aider à soigner notre fragilité est celle qui creuse la tombe de notre anéantissement total. Les jugements de travers, les condamnations interminables, le mépris et le rejet constant qui agressent et qui finissent par tuer certains avant le jour de leur mort. Le Prophète (saw) n’a-t-il pas dit que : « Le croyant est pour son semblable, telle une construction dont les parties se soutiennent mutuellement. » Hadith rapporté par Boukhari et Moslim.

Nous sommes parfois tellement ingrats que nous oublions nos imperfections, nos manquements, notre passé si récent et si présent, un passé témoin de notre égarement. Hier seulement, si présent, nous étions nous aussi du nombre des insouciants et des ignorants. Hier seulement si récent, l’alcool, le sexe pour le sexe, la négligence de la prière avaient trouvé refuge chez nous. Hier seulement encore si proche certainement, les pratiques occultes et fétichistes avaient assombri l’univers de notre spiritualité.

Enfin de compte, à bien y méditer, sauf malhonnêteté et ingratitude envers Allah, on se rend compte qu’on n’a aucun mérite. Tout ce que nous sommes de bien n’est que le fruit de la Miséricorde divine. Comment aurions nous, dans l’illicite et le péché retrouver le chemin de la rectitude sans l’agrément et la guidance d’Allah alors que tout nous conditionnait à sombrer et mourir progressivement ? Hier est encore très récent, mais nous avons déjà perdu patience avec les autres. Nous les regardons déjà avec dédain pour ce qu’ils font et qui nous réjouissait dans un passé très ressent.

La vérité est que nous n’avons aucun mérite à être ce que nous sommes. Pas d’orgueil coupable, pas d’ostentation et de fierté démesurée. Nous n’avons pas le droit de juger encore moins celui de condamner. Haïr le mal et le péché de toutes ses forces est un acte de foi. Mais haïr le pêcheur en occultant la dimension des épreuves, du destin et de la Miséricorde divine est une marque de passion nuisible. Les voies de l’Eternel sont insondables et la vie terrestre réserve tellement de surprises agréable et désagréable.

Ne te réjouis pas de l’égarement des autres car tu n’es jamais à l’abri. Bien de personnes ont fait long chemin dans le militantisme et la prédication. Elles n’avaient que mépris pour les autres, considérés comme les combustibles de l’enfer. Mais au soir de leur existence, elles avaient abandonné le chemin de la prière et de toute forme de manifestation cultuelle. Elles ont été rappelées à Allah au moment ou leur âme sombrait dans les vices et le péché. D’autres au contraire ont connu des moments de mort spirituelle avant de retrouver le chemin de la rectitude, au point de terminer leurs jours dans la plénitude de la foi. Le Khalife Oumar (raa) n’a-t-il pas enterré une de ses filles vivantes quand il était encore dans l’obscurantisme spirituel ? Mais lorsque son âme a été envoûtée par l’encens apaisant et libérateur de l’islam, Allah ne l’a-t-il pas rehaussé au point de lui promettre le paradis alors qu’il était encore vivant ? (27)

Quand bien même tu condamnerais ton frère parce qu’il serait égaré, qu’as tu réellement fait pour qu’il ne devienne pas ce pour quoi tu le tiens en aversion ? As tu été sincère dans ta volonté de le voir abandonner le péché ? L’as tu appelé le jour vers son Seigneur dans la discrétion, par la bonne exhortation et as-tu appelé ton Seigneur dans la plénitude de la nuit vers lui ? Alors, si malgré ta bonne foi, il reste égaré, sache que seul Allah guide les cœurs. Ne juge pas, ne médit pas, ne consomme pas la chair d’autrui, ne condamne pas, et ne sois pas gardien des clés du paradis et de l’enfer. N’oublie pas et n’occulte pas non plus la dimension hautement miséricordieuse du Seigneur. Grâce à cette dimension, bien de damnés du fait de nos jugements irraisonnés jouiront d’une estime grandiose auprès de leur Seigneur, que ceux que nous aurions reconnus pour saints. Le meilleur auprès d’Allah est le plus pieux et Seul Allah est parfaitement Connaisseur du degré de piété de chaque individu. Le simple fait de se croire supérieur aux autres et de croire qu’on a du mérite à être ce que nous sommes ou à faire ce que nous faisons est un égarement certain et un signe d’ostentation.

Ce sont là des signes de passion démesurée qui font basculer certains dans le fanatisme et la violence. L’islam est une religion de tolérance, de paix, qui transcende tout clivage dans le respect de l’autre, le respect de ses convictions, le respect de ce qu’il est, qu’il soit musulman ou non musulman. Ce respect au sein de la communauté des croyants est assorti d’obligations. Le Cora en la matière est très formel : « Ô vous qui avez cru ! Qu’un groupe ne se raille pas d’un autre groupe : ceux-ci sont peut-être meilleurs qu’eux…Ne vous dénigrez pas et ne vous lancez pas mutuellement des sobriquets (injurieux)… » S49 V11

Que de fois hélas, notre absence auprès de certaines personnes éprouvées ou solitaires, notre jugement ne les ont réduit au silence, à la recherche d’une consolation jamais retrouvée ? Le sexe, l’alcool, la drogue devenant leurs seules sources de consolation. (28)

Attention ! Je ne donne pas une prime à l’immoralité. Mais, il faut toujours composer avec la susceptibilité de ces personnes qui sont parfois si fragiles et introverties. Ces personnes qui n’ont que le silence comme compagnon et recette à leur lente souffrance. Parfois, il vaut mieux prêcher l’espérance, l’amour, la miséricorde que de susciter des terreurs sans issue. Biens de personnes ont fini par désister, estimant qu’on leur demandait trop et qu’elles ne seraient pas à la hauteur du défi. Nul ne naît mauvais, si ce n’est la société qui le transforme. Non pas que nous occultions la passion de l’âme, mais l’éducation, l’environnement et tous les facteurs culturels peuvent obscurcir l’humanité de tout individu. Est-on fondamentalement coupable de ce que la famille, la société nous offrent comme modèle de vie et de manière d’être ? Que de personnes d’ailleurs ne sont combattues dans leur foi par leurs parents, leur entourage et la société et qui finissent par tout abandonner.

Allah est un Dieu de Miséricorde, un Dieu d’amour. Alors mon frère, ma sœur, certainement que tu as parfois été incompris des autres, jugé, étiqueté et rejeté. Mais sache que quiconque a ses bras accrochés aux Puissantes Mains d’Allah, même si toutes les créatures de l’univers le ramassaient par les pieds, plutôt que de tomber, il resterait accroché à ces Puissantes Mains. Mais malheur à celui dont les mains sont suspendues dans le vide. Il suffira qu’une seule créature le ramasse par les pieds pour que les dégâts soient considérables.

Certainement que dans ta solitude, tu as parfois poussé tellement loin le bouchon que tu as tenté de te suicider, tu as voulu disparaître, tellement martyrisé par les regards accusateurs et intolérants. Certainement que tu as fini par désespérer de la Miséricorde divine. Ecoute l’appel de ton Seigneur, répond à son invitation. Quoique tu ais fais, tu demeures un fruit de la Miséricorde divine et Allah t’aimera toujours en ce sens qu’il est un Dieu de Miséricorde. Sache que même en commettant des péchés à la dimension des cieux et de la terre, Allah ne te dispensera jamais de sa Miséricorde si toute fois, tu revenais à lui repentant. Mieux, Il te fait la promesse en cas de repentir sincère de transformer tous tes péchés en bonnes actions. Allahou Akbar. Donne toi la chance de saisir ta chance, de te réveiller de ta torpeur et ton long sommeil de léthargie. Allah dit dans le Saint Coran : « Ô croyants ! Revenez à Allah avec un sincère repentir. Il se peut que votre Seigneur efface vos fautes et qu’Il vous fasse entrer dans les jardins ou coulent les ruisseaux ». S66 V8

Ils t’ont tous rejetés et condamnés, mais si en parcourant ces lignes, tu prenais un engagement sincère devant Allah et le défis de surpasser et faire mieux que tous ceux qui t’ont jugé et rejeté, il n’y a pas de raison que le Seigneur ne te vienne en aide. Il n’y a pas de raison que le Seigneur ne te fasse porter la couronne de son agrément et de son assistance permanente. Ne leur donne pas raison, prouve leur que tu n’es pas un monstre, que tu n’es pas une marionnette du diable. Le Prophète Muhammad (saw) nous enseigne à travers ce hadith mis en évidence par Moslim (ra) que : « Dieu tend la Main jusqu’au matin, pour recevoir le repentir du pécheur de la nuit et Il La tend jusqu’à la nuit pour percevoir le repentir du pécheur du jour. »

Alors, réveille toi de cette mort et profite des prières dans la solitude en laissant ton cœur battre de crainte et d’amour pour ton Seigneur. Laisse tes larmes couler d’amour pour Lui. Il te pardonnera, te rehaussera et t’accordera un asile de paix, de sécurité dans ce monde-ci et dans le cœur du jardin d’Eden. N’oublie jamais que tout ce que tu fais, tu ne dois le faire que pour la satisfaction de ton Seigneur. Prive toi des regards flatteurs et approbateurs des hommes mortels. Laisse les te rabaisser et Allah te rehausser. Accroche toi au câble solide de la prière, du jeûne, de la lecture du Saint Coran et des actes surérogatoires. En eux, tu trouveras le meilleur des refuges, le meilleur des compagnons. Ne laisse personne se mettre au travers de cette quête légitime et noble. Inch’Allah, tu triompheras. « Quiconque fait le mal ou se fait tord à lui-même et demande ensuite pardon à Allah, trouvera Allah Clément et Miséricordieux. » S4 V110 Allah Mon Dieu et Ton Dieu, Notre Dieu t’aime et nous aime.

Par El Hadj Diabaté

Radio Al Bayane 95.7 FM

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