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Le rappel
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22 août 2009

L’appel du Muezzin

Par elhadjdiabate

http://www.radio-albayane.info/spip.php?article107

La nuit faite reine venait de mourir sur l’autel de l’aurore. L’azan (appel à la prière) du Muezzin et les chants des coqs déchiraient le voile du silence dans une symphonie rythmée.

La douceur des bras de Morphée enivrait l’âme d’un frère en la foi. Comment le condamner quand dormir est si apaisant et doux. Pourquoi fallait-il le contraindre à se lever pour répondre à l’appel de son Seigneur alors qu’il était si jeune ? L’avenir lui appartenait. Fallait- il le vilipender alors que le Seigneur Lui- même nous enseigne dans son Glorieux Livre infalsifié et infalsifiable (le Saint coran) qu’il n’existe aucune contrainte en religion ?

La prière venait de commencer. Encore cette voix roque de l’Imam. Ce jour-là, il ne voulu même pas l’entendre. Il appuya soigneusement sa tête sur son oreiller et à l’aide de son pagne, il couvrit entièrement sa tête. Quelle exigence de trop, se disait- il, celle de se rendre sitôt à la Mosquée. Il hocha la tête et conclu que la vie avec la prière était trop contraignante, absurde et inutile. Aussitôt, il se laissa bercer à nouveau par les douces mains de Morphée. Et durant son sommeil, il fit un cauchemar terrible.

L’Ange de la mort s’était présenté à lui. Il était tellement gigantesque que sa tête disparaissait dans les nuages .Ses cheveux étaient globuleux et incandescents comme du soleil. Lorsqu’il ouvrait la bouche, il crachait du feu. Il se présenta au frère et arracha son âme avec une telle violence que celui-ci poussa un cri terrible qui effraya toutes les créatures de l’univers. Un cri non entendu des djinns et des hommes.

Son âme fut emballée dans un tissu sal et mal déchiré dégageant une senteur nauséabonde. Lorsque l’Ange de la mort s’élevait avec elle vers les cieux, les autres Anges la maudissaient et le ciel refusa de s’ouvrir pour l’accueillir. Terriblement effrayé par la vue du feu qui réclamait son âme, il voulu se réveiller. Mais, la frontière entre le cauchemar et la réalité était déjà franchie.

Plus jamais, il ne se réveilla de son sommeil qu’il savourait tant dans l’abandon de son Seigneur. Il ne fut point du nombre de ceux qui virent le soleil se lever ce jour. Son nom n’était plus que souvenir car désormais il s’appelait ‘‘frère défunt’’. L’éternité de sa jeunesse venait de goûter à la boisson de l’agonie. L’ultime rencontre et l’heure de la vérité s’offraient maintenant à lui. Et pourtant, Allah n’accorde aucun répit à l’âme qui aura atteint son terme. Plus jamais, il n’aura ce bonheur inouï de goûter aux délices de la prière. Cette prosternation qui vous fait sentir le doux parfum de la soumission. Ces moments d’extase et de libération, ces folles sensations de la présence divine qui font tant voyager et flirter avec la quiétude de l’âme. La prière est si douce.

Méditons d’ailleurs sur cette histoire de Abab (raa). A la suite d’une expédition, il avait reçu l’ordre du Prophète Muhammad (saw) de faire la garde avec un autre compagnon autours des musulmans. Quand les uns et les autres se sont endormis, devant la quiétude et le calme de l’atmosphère qui régnait, Celui-ci entreprit d’adresser des séquences de prière en guise de remerciement au Seigneur après la victoire éclatante des musulmans. Quoi de plus normal, manifester sa reconnaissance au Seigneur pour Ses faveurs. Malheureusement, quelques ennemis étaient encore tapis dans le cynisme de l’ombre en espionnage, attendant certainement un moment de faille pour agir. Et alors, contre toute attente, les ennemis de l’islam et les mécréants lâchèrent une flèche qui déchira le silence et alla se loger dans l’un des bras de Abab (raa). Mais enveloppé par le doux parfum de la prière, il arracha la flèche, la jeta et continua sa prière. Il reçu une seconde flèche dans le corps et ce fut le même scénario. Le second compagnon qui faisait aussi la garde le vit dans une marre de sang, accomplissant sa prière. Il poussa un grand cri qui effraya leurs ennemis qui prirent la fuite. Mais avant que Abab ne mette fin à sa prière, il reçu trois flèches dans son corps qu’il arracha successivement avant de continuer sa prière.

Et après cet incident, il révéla que n’eut été sa crainte de désobéir au Prophète Muhammad (saw), il aurait préféré mourir que d’interrompre sa prière, car il était tellement envoûté par la douceur de la prière qu’il n’a sentie la moindre douleur de flèche dans son corps. Allahou Akbar.

C’est dire à quel point la prière est une grâce et une extase. Bien évidemment, pour arriver à un tel niveau de concentration dans la prière, cela nécessite beaucoup d’exercices spirituels, de renoncement au bas monde et biens d’autres éléments qui plutôt d’être une contrainte ne sont que libération pour le serviteur ambitieux et soucieux d’être en communion avec son Seigneur.

La prière est un véritable moment d’extase pour certains, un moment où ils s’oublient et s’anéantissent pour revivre et renaître dans le Nom béni de leur Seigneur. Comme ce bel exemple de foi de l’illustre Urwa, le neveu de Aicha (raa).

Son pied était infecté par une gangrène nécessitant une amputation au risque de voir tout son corps atteint. Il fit alors la recommandation d’amputer sa jambe quand il serait en prière. Il s’avait à quel degré il était totalement absent et étranger à la moindre sensation liée à ce monde au cours de sa prière. Ses doléances furent respectées et sa jambe fut amputée au moment ou il était en prosternation, ce moment ultime de proximité avec le Seigneur. Aussi extraordinaire que cela puisse paraître, il ne ressentit et ne se plaignit d’aucune douleur. Allahou Akbar.

Comment certains arrivent-ils à se réveiller le jour avec la vie, le souffle et la santé sans pouvoir glorifier leur Seigneur et s’acquitter de leur prière ? Comment certains arrivent-ils à s’oublier dans le sommeil, les grâces matinées et tant d’insouciance sans réaliser à quel point ils sont redevables envers leur Seigneur ?

Dire que la prière a été prescrite pour nous aider à fuir le blâmable et les turpitudes et que la négligence de la prière fait partie des péchés capitaux en islam. Un jour, le Prophète dit à ses compagnons : « Les cinq prières sont comparables à une rivière d’eau douce abondante à la porte de l’un de vous, dans laquelle il plonge cinq fois par jour. Que pensez-vous qu’il reste de ses souillures ? « Rien », dirent les compagnons. Ainsi, le Prophète (saw) dit : « Les cinq prièrent débarrassent l’homme de ses péchés, comme l’eau le nettoie de ses saletés. »

Le Saint Coran est formel sur cette injonction : « Accompli la prière, car elle empêche de commettre les turpitudes et les actes blâmables. » S29 V45. La négligence ou l’abandon de la prière font partie de la catégorie des péchés majeurs en islam et qui encourent la colère du Seigneur. « Malheur donc à ceux qui prient tout en négligeant (et retardant) leur prière Salat, qui sont plein d’ostentation. » S107 V4-7.

Tout comme ce frère insouciant qui a été surpris dans son sommeil par l’Ange de la mort, ils sont nombreux ceux qui considèrent la prière comme un épiphénomène, "vivre d’abord, prier ensuite", quel leitmotiv pathétique ! Demain, nous aussi nous entendrons l’appel à la prière. Nous choisirons peut-être de savourer la douceur du sommeil comme ce frère, quoique son histoire soit une fiction mais qui décrit des réalités auxquelles l’âme pécheresse sera soumise. Certainement que nous l’imitons tous les jours. Certainement que chaque jour, nous aussi, nous tenons en aversion l’appel du Muezzin. Vivons autant que nous pouvons dans le gâchis et l’oubli de notre Seigneur, mais attention, résistons à la mort et ne la laissons jamais recueillir notre âme. Cela vaudra mieux pour nous. Mais si nous sommes plus avisés et sages, agissons comme si nous dépensions nos derniers souffles et soupirs. Et si c’était effectivement le cas ?

J’ai mal de voir tant de musulmans si complexés quand il s’agit de s’acquitter de leur prière devant des personnes étrangères. Ils préfèrent d’ailleurs à bien des égards que l’on ne sache pas qu’ils sont musulmans. Cela leur donne le zèle à poser des actes condamnables sans en être inquiétés. Des musulmans qui, lorsqu’ils se retrouvent dans des cérémonies laïques, ou même festives, ou dans des séminaires ou des missions refusent de s’acquitter de leur prière pour servir leur ego et les caprices des autres. Ils entretiennent cette peur irraisonnée d’être traités d’extrémistes, de fondamentalistes, de radicalistes et bien d’autres artifices de mauvais goût. Servir les démons des autres au détriment de son Dieu Créateur, quel paradoxe ! Je m’étonne de ces musulmans qui s’adonnent à la prière pour la recherche des regards et non de la Face de Dieu. Ils prient pour être vus et plébiscités et non pour entrer dans le secret de la Grâce divine. Je m’étonne de ces musulmans qui s’acquittent de leurs prières et posent des actes plus ignobles que des non musulmans et des mécréants.

Voyons tout le soin que nous apportons à ce corps périssable, notre corps, le festin des chenilles et asticots de la tombe. Mais notre âme si négligée et abandonnée dans les égouts de l’immoralité réclamera justice demain devant le Roi des rois. Ainsi donc, l’avocat qui devait nous défendre nous poursuivra devant le Juge des juges. Pour chaque soleil qui se lève, avant qu’il ne se couche, sachons que les Bras de la repentance et de la Miséricorde de notre Seigneur nous sont a jamais ouverts.

Seigneur, ne nous sèvre point de Ta Miséricorde. Aides-nous à mieux nous souvenir de Toi et exauce nos maigres œuvres de supplication et de dévotion. Fait de la prière un compagnon aimé, aimant et fidèle pour nous. Fait de nos prières des lumières permanentes pour nous.

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