Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le rappel
Archives
29 juin 2007

Commentaire ~ Calebasse cassée

Au nom d'Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux.

Dans le monde, il y a une seule chose qu'on ne peut pas oublier. Peu importe la négligence du monde si tu ne l'oublies pas. Mais si tu te souviens de tout, que tu accomplis tout, que tu n'omets rien, sauf cette chose, tu n'as rien accompli. Par exemple, un roi t'envoie à tel village pour exécuter un ordre déterminé, et tu t'en vas effectuer cent autres travaux, sans accomplir la mission dont il t'a chargé: tu n'as rien accompli. Ainsi, l'homme est venu en ce monde pour effectuer une mission; cette mission est son véritable but, s'il ne l'accomplit pas, en réalité il n'a rien fait.

Nous avions proposé aux cieux, à la terre et aux montagnes la responsabilité (de porter les charges de faire le bien et d'éviter le mal). Ils ont refusé de la porter et en ont eu peur, alors que l'homme s'en est chargé; car il est très injuste [envers lui-même] et très ignorant. (Coran 33.72)

Ce dépôt, nous l'avons proposé aux cieux, mais ils n'ont pu l'accepter. Considère combien d'œuvres proviennent du ciel de telle sorte que la raison s'en étonne: il transforme les pierres en rubis et en cornalines, et les montagnes en mines d'or et d'argent, il fait bourgeonner les plantes de la terre, leur donne la vie et en fait le paradis de l'Éden; la terre, aussi, reçoit les semences et produit des fruits, elle couvre les défauts et fait des milliers de merveilles inexplicables. De même, les montagnes produisent des mines variées. Ils font tous ces mystères, mais sont incapables d'accomplir une seule chose. L'homme seul est capable de cette unique chose. Dieu a dit:

Certes, Nous avons honoré les fils d'Adam... (Coran 17.70)

Il n'a pas dit: "Nous avons honoré le ciel et la terre." L'homme accomplit donc des choses que les cieux, la terre et les montagnes ne peuvent réaliser. Quand il les accomplit, l'ignorance et la perversité lui sont épargnées.

Si tu dis: "Je n'accomplis pas cette tâche, cependant j'exécute bien d'autres choses", c'est comme si tu transformais un sabre indien d'acier précieux, apporté du trésor du roi, en un couteau de boucher pour viande putréfiée, en disant: "Je ne laisse pas inutile ce sabre, et je m'en sers pour d'actions utiles." Ou bien que tu apportais une marmite d'or, dont la valeur est telle qu'avec une de ses parcelles on pourrait acquérir cent marmites ordinaires, et que tu y faisais cuire des navets. Ou encore, que tu enfonçais un couteau du meilleur acier, en guise de clou, dans le mur, et y suspendais une calebasse cassée, en disant: "J'en fais bon usage, je suspens la calebasse. Sinon ce couteau n'aurait servi à rien." N'est-il pas lieu de se moquer et de rire? Car la courge convient au clou de fer ou de bois qui ne coûte qu'un sou. N'est-il pas ridicule de se servir d'un couteau de cent dinars pour un tel usage? Dieu le Très-Haut t'a donné un grand prix. Il a dit:

Certes, Allah a acheté des croyants, leurs personnes et leurs biens en échange du Paradis... (Coran 9.111)

Dieu le Très-Haut a dit: "Je vous ai achetés, vous, vos personnes, vos bien, et votre temps. Si vous Me les consacrez et Me les donnez, le prix en sera le Paradis éternel. Tel est votre prix à Mes yeux." Inversement, si tu te vends à l'enfer, c'est ta propre personne que tu as lésée, à l'instar de cet homme qui avait fixé au mur un couteau valant cent dinars, et y avait suspendu une courge ou une cruche.

Extrait de "Le livre du dedans" Par Djalal-ud-Din Rumi (l207-1273)

Publicité
Commentaires
Publicité